Alors nous y voilà, comment commencer les maths? Comment faire pour que l’enfant commence à comprendre le concept même de quantité? Par quoi entamer cet enseignement?
Souvent, les parents qui viennent me consulter me disent fièrement que leur enfant compte jusqu’à 10 (ou 20 ou 30 …). Malheureusement, il s’agit d’enfants qui ne dénombrent pas mais qui « chantent comptine » jusqu’à un certain nombre.
Pensant bien faire, les parents, voire les éducateurs et autres accompagnants, pensent bien faire en stimulant l’enfant à dire 1,2,3,…dans des escaliers par exemple.
Au mieux, ça ne sert à rien et souvent, ça embrouille l’ordinal et le cardinal, ça « déforme » les prononciations (j’ai eu un enfant qui verbalisait « troique » pour « trois » à cause de la suite mal découpée de « undeutroiquatcinksice » pendant des mois).
Ces noms qu’on donne aux quantité servent à les désigner, mais enseignés trop tôt, c’est une suite de sons sans aucun sens.
—> Pour cette raison et bien d’autres, voilà comment j’introduis la quantité et les chiffres avec les enfants que je suis :
Au tout départ, je fais de l’appariement visuel, « mettre ensemble les mêmes » : des images strictement identiques de « un » (constellations de dés avec un seul point au milieu d’un carré, par exemple) avec des images strictement identiques de « deux », et des images strictement identiques de « trois ». Je ne dis rien et n’exige rien, l’objectif étant purement de l’appariement visuel.
Puis ce même tri va être accompagné par MA verbalisation DU TOUT : de « un », « deux » ou « trois » pendant que l’enfant fait son petit tri visuel. Rapidement, normalement, l’enfant va également se mettre à associer oralement. J’estompe ensuite mes verbalisations.
Il s’agit donc de dire si c’est 1, 2 ou 3 éléments, sans compter un par un. NE JAMAIS égrainer « un, deux, trois, il y en a trois!! »
D’expérience, mes enfants acquièrent plus rapidement et surtout sans s’emmêler les pinceaux quand je commence avec le subitizing.
J’ai connu tellement d’enfants TSA traumatisés, y compris des « grands », par les mathématiques que maintenant, lorsque j’ai un tout petit, je me dépêche de travailler ça à ma façon avant que d’autres personnes ne déforment involontairement leur conscience intrinsèque de la quantité (un bébé a déjà une conscience du nombre!)
Ensuite, on va pouvoir introduire des variations, par exemple, introduire des constellations de couleurs. ATTENTION, cela ne sera possible que si l’enfant a une bonne flexibilité mentale. Pourquoi?
Regardons dans l’exemple ci-dessous, quel va être le risque d’erreur pour la carte à placer (le 3 points jaunes) ?
Évidemment, l’enfant va être tenté de le mettre sur le 2 car le dernier 2 non recouvert est jaune. Son cerveau va devoir s’affranchir de ça pour pouvoir poser le « 3 points jaunes » sur le « 3 points bleus » : cela s’appelle inhiber la couleur.
Pour pouvoir faire ça, l’enfant devra avoir pour pré-requis la capacité à trier des items avec différents critères, par exemple, trier des items soit par couleur, soit par forme (avec par exemple un matériel de : 1 carré, 1 cercle, 1 triangle rouge, et 1 carré, 1 cercle et 1 triangle bleu)
J’ai dessiné 4 pages de constellations de dé et d’écritures chiffrées afin de pouvoir faire plein d’activités autour : les trier par couleur, par quantité, par écriture chiffrée VS constellation, les mettre en correspondance, … bref : amusez-vous ! Vous pouvez également jouer à Grab Game si vous avez un dé !
ATTENTION : Si vous imprimez en l’état, les cartes mesureront environ 6 cm. Vous pouvez les imprimer en grand mais aussi choisir l’option « pages par feuille », voire plus selon le format désiré.
Afin de faire du tri, vous trouverez dans l’article « Caillou » des petits chats à trier :
Voici un document à imprimer, plastifier et velcroter :
Voici un support d’automne, avec des marrons :
Les conseils pour exploiter ce document sont dans le PDF.
Il s’agit d’un support avec les quantités de 1 à 4 inclus, crée spécifiquement pour aller dans une Boite à compter mais qui peut évidemment être utilisé sans.
Ce document permet de travailler avec :
– des constellations de dé
– des collections de marrons déjà formées, (collections toutes différentes pour éviter de se baser sur la répartition des éléments dans la case et de bien se baser sur la quantité!)
– des écritures chiffrées (avec des polices différentes pour généraliser la reconnaissance des chiffres)
– des « vrais » marrons, ramassés au pied d’un arbre 🙂
Avec ces éléments, vous pouvez ensuite tout mixer dans tous les sens, comme sur les exemples ci-après :
Bref, une fois cet appariement maîtrisé, je commence à introduire des variantes en augmentant jusqu’à 6 par exemple, mais toujours en collections organisées pour l’instant.
En parallèle, j’introduis le début du tri de collections désorganisées sur les petites quantités bien maîtrisées : de 1 à 3.
Comment procéder? Lorsqu’on veut dénombrer des collections désorganisées, instinctivement, nous tentons de « recréer mentalement les structures organisées » que nous connaissons. Pour induire cette stratégie, j’avais crée un support que j’avais appelé « tempête sur les constellations, qui sont en fait des « constellations légèrement désorganisées ». Voici un extrait visuel :
Il s’agit de petites collections (de 1 à 6) de constellation-dés dont les points sont légèrement décalés. Je demande aux enfants de les trier visuellement, puis de les associer, puis nommer, etc, … bref de les manipuler. J’ignore si finalement ils utilisent cette stratégie de « redresser » la constellation-dé connue, mais dans le doute, au pire, ils généralisent et sont contraints à tolérer la constellation « mal rangée » (ce qui peut poser problème avec certains enfants).
Dans l’enseignement des mathématiques, ATTENTION à la précision de nos gestes quand on travaille avec un enfant !!
Souvent, on amène les enfants à confondre l’ordinal et le cardinal. Chez les enfants neurotypiques, le problème sera rapidement dépassé mais pour les enfants avec des troubles de l’apprentissage, cela peut avoir de lourdes répercussions.
Voici deux dessins pour vous expliquer clairement … lequel représente 4?
Et oui! seul le second dessin représente 4, le premier représente « quatrième doigt » et non « quatre doigts ».
On peut engendrer des erreurs également lorsqu’on dénombre des objets, ne serait-ce que dans nos mouvements lors de l’enseignement :
Ainsi, pendant le « comptage-dénombrement », il faut être vigilant en déplaçant les objets :
1- On déplace un objet et on dit « un » quand il est posé sur la table.
2- On prend le deuxième objet et on dit 2 lorsque cet objet est avec le premier et non lorsqu’on prend l’objet en question!
Ça paraît évident mais c’est une erreur que j’observe fréquemment avec les enseignants ou les éducateurs.
Lorsqu’on travaille avec des enfants qui ont une exigence de précision, comme avec les personnes avec autisme, il est encore plus important de ne pas faire ce type d’approximations et d’une manière générale de réfléchir au moindre geste …
Prérequis à ces petits exos de préquantités :
– savoir associer des mêmes
– savoir associer des semblables non-identiques
– et perso, depuis quelques années, je travaille la distinction entre « beaucoup » et « peu » avant même ces exercices de discriminations de quantités. Les quantités répondant finalement à une précision de « combien beaucoup? » et « combien un peu », ça me paraît plus logique de l’aborder dans cet ordre.
Vous trouverez de nombreux articles sur les quantités sur ce site, et notamment des quantités à relier comme ci-dessous:
Si votre élève ne sait pas relier des éléments, un article est dédié ici.