Publié dans Maths, Mesure, Vie quotidienne

La conscience de la masse : léger et lourd

Découverte de cette notion peu évidente … mais quand même rigolote !


Souvent, on travaille « léger et lourd » dans les synonymes, les enfants savent mécaniquement que si ce n’est pas lourd, c’est … léger, mais ils s’emmêlent facilement avec étroit/large ou fin/épais car toutes ces notions nécessitent d’être comprises en manipulation, en expériences au risque d’être confondues.

Je commence souvent cette notion en demandant à l’enfant de soulever mon sac (qui est toujours très lourd). L’enfant peine à le soulever et je verbalise « c’est loouurrrrd » et hop, on commence à prendre des articles dans la cuisine, des jouets dans sa chambre ou dans le cabinet et on compare les items entre eux.
Evidemment, on commence par des items qui présentent des différences de poids importantes.
Ensuite, on continuera à éprouver ces ressentis de poids, en faisant des petites devinettes les yeux fermés par exemple : 

Cet enfant est parvenu, yeux fermés, à ressentir que le plus lourd était dan sa main gauche. Il a pu vérifier en ouvrant les yeux car antérieurement, nous avions tout pesé !!

 

La balance Roberval.

Le recours à cette balance permet à l’enfant de « voir  » où est le plus lourd, où est le plus léger ou encore qu’ils sont lourds « pareils », qu’ils « pèsent pareils », qu’ils « ont le même poids ».
Cependant, la plupart du temps, je ne fais pas le travail d’équilibre avec les enfants que j’accompagne. J’ai l’impression que cette notion est particulièrement complexe à acquérir et, à défaut de pouvoir faire tout le programme comme avec des enfants classiques, je vise le fonctionnel. Une petite fille me disait d’ailleurs tout à l’heure que le lourd était tout en haut ! ah … les lois de la physique … 
Si votre élève est capable de réfléchir sur des comparaisons de masses, sur du possible/impossible, il y a beaucoup de supports très bien faits sur le net pour travailler toutes ces notions (sur le fabuleux site Bout de gomme, par exemple).

A minima, ce qui va être intéressant c’est :

  • de voir que là où ça penche, c’est le plus lourd ! pour les enfants avec des grandes difficultés logico-maths, ça ne va pas évident
  • le plus gros à l’œil n’est pas forcément le plus lourd : souvent, les enfants considèrent que grand = lourd et inversement et se mettent à confondre les notions poids et tailles. Il va donc s’agir de trouver dans l’environnement des choses petites et lourdes et des items volumineux mais plus légers.
  • cela va permettre également de se familiariser avec le vocabulaire autour de la pesée « lourd », « léger », « grammes », ainsi que la prononciation du verbe « peser » (qui se prononce « peuzz » à l’infinitif et « pèzzz » en étant conjugué) : « tu « peuses » celui-là? » me demandait une petite fille ce matin. 😉

 

La balance électronique

Eviter si possible de vous servir du verre doseur pour faire les poids (de farine, sucre, etc, …) car les enfants vont tout confondre. Le verre-doseur doit être réservé, en tous cas dans un premier temps, pour mesurer des liquides en centilitres, décilitres, … et non des grammes.

La balance électronique permet de manipuler facilement des masses et les enfants aiment souvent les activités proposées autour.
Attention, la principale difficulté est la lecture en chiffres digitaux.
Selon moi, il faut vraiment travailler cette typo, même si c’est très couteux pour certains enfants. Le 5 et le 2 étant presque identiques.
Autant je ne pense pas qu’il faille s’acharner à lire l’heure analogique (sur une horloge) avec tous les enfants, autant je pense que les digitaux sont primordiaux pour lire l’heure simplement et se repérer sur la journée.

Plein de contenants ; l’enfant doit mettre la quantité demandées sur l’étiquette.

 

C’est du bon travail !! Et maintenant, on a pu observer et comparer. On a même sérié du plus léger au plus lourd.

 

Afin de comprendre l’écueil de la tare, nous avons transvasé dans d’autres contenants. Je conseille, si vous avez le choix, de choisir une balance avec le pot intégré : c’est plus facile dans un premier temps. Là, dans la photo ci-après, on regardait que quand on pose le contenant, on a déjà 40g, il faut alors remettre à zéro pour tarer et partir de 0g pour mesurer nos perles.

 

Proposition d’exercices pour s’entrainer

Imprimer et plastifier toutes les feuilles.
Néanmoins, je vous conseille d’adopter un code couleur pour faciliter le tri des différents éléments (mais ce n’est pas obligatoire pour travailler), dans ce cas, imprimez les pages en digital ( = écriture des fours et montres) sur du papier blanc et les pages en script sur un papier coloré.

Attention, certains chiffres sont compliqués : ceux avec des 2 et des 5 ! Alors forcément, j’en ai mis beaucoup dans mon pdf ! 😉

 

Lire les masses en script

Pour commencer, vous pouvez demander à l’enfant de lire toutes les étiquettes de masses en script (donc celles sur fond coloré). Ce sera l’occasion d’introduire le fait que « g » se dit « grammes » même si ce n’est pas écrit en entier.
De plus, on vérifie que l’enfant maîtrise bien la lecture de ces grands nombres.

 

Sérier les étiquettes

On pourra alors lui donner plusieurs étiquettes et lui faire sérier : il devra les classer du plus lourd au moins lourd ou l’inverse. On s’assure juste qu’il sait ordonner.

On pourra également prendre une étiquette au hasard et demander à l’enfant « donne-moi une étiquette où c’est plus lourd/ léger » et s’assurer alors qu’il maîtrise les notions de lourd et léger.
Cette demande est complètement différente du simple fait de classer et est beaucoup plus complexe. Elle fait intervenir le langage ainsi que le lexique. 
Notons que « moins lourd » on entend « lourd » et ce sera difficile à l’enfant de donner un léger, c’est donc à travailler en prenant conscience de cette difficulté.
Egalement, « moins lourd » = « plus léger » et « plus lourd » = « moins léger ».
Evidemment, les notions de « plus et moins » doivent être acquises, si ce n’est pas le cas, il faut faire d’autres exercices et revenir plus tard aux masses.

 

Comparer les deux écritures

On peut ensuite demander à l’enfant de trier les masses deux par deux. L’enfant doit associer les mêmes masses en digital et en script. C’est ce qu’il devra faire par la suite dans n’importe quelle recette qu’il aura en main : savoir jongler entre l’écriture qui est dans le livre et l’écrit sur sa balance (quant à elle, toujours en écriture digitale).

 

Lire les écritures digitales

Comme fait au tout début, on demandera ensuite à l’enfant de lire les masses en digital. 

 

Travail avec la balance

Dire oralement en lisant sur la balance :

On peut alors commencer à travailler avec la balance électronique. L’adulte prend des petits jetons, gros haricots, petits légos, etc, … et on pèse !! L’enfant lit à l’adulte.

Ajuster pour obtenir un certain poids :

On prend une étiquette en digital (ou plus difficile : en script) et on essaie de mettre la quantité demandée sur l’étiquette en ajoutant des éléments.
Puis, même chose mais l’adulte met (trop) d’éléments pour obtenir une masse supérieure à celle demandée : l’enfant devra alors ôter de la matière.
Enfin, on mixe tout ça en faisant ajouter, puis ôter des éléments pour ajuster au bon nombre de grammes.

Se servir de cette compétence :

Afin qu’on ne perde pas un enseignement, il est nécessaire de le réviser. Ainsi, une compétence qui est fonctionnelle ne sera pas oubliée.
N’hésitez donc pas au quotidien à appeler votre enfant pour peser des aliments : dans les recettes que vous faites mais aussi « artificiellement » au début d’enseignement en préparant qu’il vous faut en moyenne X grammes de pâtes pour la famille, X grammes de riz, etc, …  vous pourrez ensuite lui demander de peser systématiquement pour la préparation du repas.

 

Un petit jeu de société pour clore le tout

J’avais fait un article il y a quelques temps sur le jeu Poids plume, poids lourds. Un bon exercice pour continuer à s’amuser avec les poids !

 

Publié dans Adaptations et critiques de jeux, Maths, Mesure

Poids plume – poids lourds

Il s’agit ici d’un jeu de chez Child’s play, composé de 112 cartes avec des dessins d’objets et leurs masses. Elles sont exprimées en grammes, kilogrammes (et quelques très rares items sont en tonnes.)

Les règles du jeu décrites sont simples : jeu de bataille classique où celui ayant la carte avec la masse la plus lourde gagne. Une seconde règle idem, mais c’est le plus léger qui gagne. Une troisième règle est décrite avec des prédiction : un premier joueur retourne une carte, un second pari que ce sera « plus lourd, plus léger/ moins lourd/ moins léger » et gagne la paire si sa prédiction est juste.
Il y a également d’autres formes de jeu possibles avec un meneur de jeu, pour une classe par exemple, où il faut deviner les poids et le plus proche du poids réel gagne, ou bien encore demande de les ordonner, etc, …. Bref, beaucoup de possibles !

En général, avant même de jouer à ce jeu, je manipule avec l’enfant des objets pour comparer « lourd » et « léger », puis avec des poids où il y a moins d’écarts. Puis, je fais trier de « vrais » objets qui sont moins lourds ou plus lourds qu’une brique de lait (une vraie, que je mets sur la table pour pouvoir la soupeser!). Ca permet déjà d’évaluer si c’est plus ou moins lourd qu’un kilogramme.

La plupart des cartes du jeu sont en grammes et en kilogrammes. Je commence en général par demander à l’enfant de faire 2 tas : un avec les objets dont la masse est en grammes et l’autre dont les masses sont en kilogrammes.


Puis, j’ai une image d’une brique de lait et on trie ceux qui sont moins lourds (à gauche) ou plus lourds (à droite) qu’une brique de lait : nous sommes alors qu’avec des représentations d’objets et non plus des objets réels. Je remplace petit à petit « l’image brique » par l’écrit « 1 kg = 1000 grammes ».

Toute la difficulté ensuite va être de ne pas se laisser tromper par les unités ni par les nombres!
Pourquoi l’enfant a plus de probabilité de se tromper en comparant [le serpent (11 kg) et les oranges (750 g)] plutôt que [la bague (4 g) et le cochon (210 kg)]?

Et bien lorsqu’on compare, il faut regarder évidement les unités ! l’enfant n’a pas l’habitude de cela.

En ayant juste à la comparaison [la bague (4 g)] est plus légère que [le cochon (210 kg)], il y a de grandes probabilités que l’enfant se soit basé sur 4 < 210, ce qui est juste car les unités coïncident (g<kg).
Attention, pour la comparaison du serpent (11 kg) et des oranges (750 g), ca va coincer. L’enfant aura tendance à valider « 11 kg< 750 g » tout simplement car « 11 < 750 ».
Cet écueil lui sera de plus en plus familier avec toutes les comparaisons d’unités qu’il devra connaitre : les unités de distance (km, m, cm, …), les unités de temps (heures, minutes, secondes, …), les unités que j’appelle « de calendrier » (année, mois, semaine, jours, …)

Cependant au début de ces enseignements d’unités, il faut être vigilent quant aux exemples qu’on présente de façon à s’assurer que l’enfant repère bien l’unité et pas uniquement la valeur absolue du nombre.