Publié dans Compréhension, Langage, Langage oral, Lexique - vocabulaire

Produire – comprendre des petites phrases : combiner du vocabulaire

Lorsqu’un enfant a suffisamment de mots isolés, il va pouvoir commencer à les combiner. Cette étape, dans toutes les langues, se fait à environ 50 mots de vocabulaire. Il va alors falloir introduire des verbes afin de pouvoir commencer à produire de petites phrases où les combinaisons de mots deviendront infinies.
Dans le VBmapp, on a dans le niveau 2 l’apparition « combinaison de 2 mots (ou plus) » dans les différents opérants verbaux : dans les demandes (J8), les tacts (J9) et les RA (J9).

Quelles cibles? comment le travailler?, et avec quels matériels pédagogiques ? voici des propositions …

Quoi ? quelles cibles?

Même si l’enseignement du vocabulaire mériterait un article complet (qui viendra sans doute), voici quelques remarques rapides :

  • le lexique à enseigner doit être un choix DELIBERE et INTELLIGENT : des mots utiles pour CET enfant-là.
    Donc, deux domaines A PRIORISER :

    • les mots du quotidien de l’enfant (télécommande, cuillère, …) même si ils sont peu attrayants (comme le papier-toilette …)
    • les mots relatifs aux éventuels intérêts (restreints) de l’enfant : on enseignera le nom de certains dinosaures si l’enfant aime particulièrement ces animaux mais ce vocabulaire sera complètement inutile si le jeune ne s’y intéresse pas.

Il faut se représenter les cibles d’enseignement comme dans une pyramide : à la base on a le minimum très prioritaire, puis on monte avec des cibles de moins en moins quotidiennes.
Trop d’enfants avec handicap sévère se retrouvent avec du vocabulaire de comptines (oui, je DETESTE les comptines pour le handicap …. ) : la girafe, le chou, le navire, la baleine, … alors qu’ils n’ont pas le lexique utile : cuillère, slip, ou papier toilette ! (certes, moins glamour …)

Quelles combinaisons et quand ?

Lorsqu’on parle de combiner 2 mots, il peut s’agir de deux choses :

  • sujet/personnage + verbe d’action (ex: « bébé dort »)
  • verbe + COD (ex : « balle rouge » / « boire jus »)
  • nom+ adjectif (ex : « balle rouge » / « petit poisson » )

Ces combinaisons vont être à travailler. Ici, on va s’intéresser particulièrement aux deux premières combinaisons, celles avec des verbes.
Des exemples d’activités avec des combinaisons « nom/adj » apparaissent souvent sur le site car je le travaille tôt en compréhension pour la flexibilité cognitive.
L’article qui traite de cela est , mais vous en trouverez par exemple dans l’article sur un menu bien épicé (ici) ou encore dans l’article où vous pouvez imprimer le jeu speed des habits ici.

Pour les cotations, je vous conseille d’utiliser un code-couleurs selon les opérants verbaux, voici le mien :

expressif : rouge
réceptif : vert (parmi 4/6/8 et je le précise)
textuel : bleu
transcriptif: orange
intraverbal : violet
copy to copy : rose

Pour m’organiser, je fais des étiquettes avec mes codes couleurs comme cela, c’est beaucoup plus simple dans les cotations pour tout le monde. Je colle ces étiquettes dans les cahiers, sur les feuilles de données, etc, …

Et au dos de la boîte de mes stylos !

Comment l’enseigner? avec quoi ?

Quelques conseils en vrac sur les procédés et les matériels :

  • TOUJOURS enseigner sur VRAIS objets, (surtout les verbes d’ACTIONS!!! on fait les actions à enseigner devant l’enfant, en vrai !!) avant de faire le travail éventuellement sur images …
  • CIBLER par utilités et pas par catégories lexicales : il est inutile d’enseigner tous les habits de manière exhaustive, il faut cibler les priorités (on enseigne le pull/pantalon/slip mais pas forcément le débardeur, la salopette et le gilet). Cela parait logique mais dans la pratique, on enseigne souvent à tort toute la liste car les images sont sur le support donc on se dit que pendant qu’on y est ….  😉
  • On travaille avec au moins 3 exemplaires dudit objet : on présente à l’enfant un slip rouge, un petit slip Cars, un grand slip blanc …
  • Si on travaille sur images : PAS sur des pages d’imagiers où il y a une guidance situationnelle qui gênera l’apprentissage mais sur des images ISOLEES et dont le fond est blanc pour éviter toute pollution visuelle. Vous trouverez des lexiques complets avec des images en trois exemplaires à imprimer gratuitement sur mon site ici.
  • On travaille en réceptif et en expressif (voire ensuite en textuel et transcriptif avec certains enfants).

Il vous faudra beaucoup de situations d’enseignements variées et des supports pédagogiques différents : une étude a montré que les enfants présentant des troubles du langage avaient besoin de 3X plus d’essais pour apprendre un nouveau mot que les enfants neurotypiques du même âge (Rice et al., 2014).

Vous pouvez construire un petit outil dont je parlais ici  , nommé « Actions en Famille » en prenant des photos de vous pour créer un recueil d’actions avec de personnes connues de l’enfant.

L’idée est que l’enfant prenne conscience que les mots ont un sens et qu’ils peuvent être combinés à volonté :

On peut faire varier le sujet :
Le lapin dort
Le papa dort
Le chat dort.

On peut faire varier le verbe :
Le lapin saute
Le lapin dort
Le lapin boit, …

Puis les compléments directs :
Le lapin mange une banane,
Le lapin mange une carotte, … puis compléments indirects éventuellement (le lapin donne une banane au singe)

 

Attention, tous les supports pédagogiques ne sont pas bons à prendre !

D’une manière générale, il faut se méfier des boîtes de jeu « grand public » du commerce : ils sont souvent mignons mais … pas adaptés pour le travail intensif et la construction de la compréhension d’un enfant en difficulté. On retrouve très souvent des guidances de réponse qui rendent le support complètement inexploitable.

Un autre écueil, les termes : fille/garçon/homme/femme/dame/homme sont des mots souvent difficiles à acquérir, les enfants disent souvent « papa » et « maman » par défaut. En général, les termes « bébé » et « papy/mamie » sont plus faciles.
Pour cette raison, il peut être intéressant de travailler dans un premier temps avec des animaux qui font des actions -même si effectivement il est rare de voir un lapin qui se mange une p’tite glace – car cela permet d’éviter l’utilisation fille/garçon si l’enfant ne la maîtrise pas. C’est pour cela que je vous propose « bandes d’animaux » (ci-après).

Parce que la diversité et la pertinence des supports sont primordiales, voici quelques propositions de matériel.
Si vous en connaissez d’autres, n’hésitez pas à laisser un message.

Le support pédagogique « Bandes d’animaux » à imprimer :

Il s’agit d’un support pédagogique qui permet de verbaliser des petits phrases simples avec vocabulaire simple de 10 animaux et 10 actions:
– le chat
– le crocodile
– le chien
– le perroquet
– le lapin
– le cochon
– le crabe
– le lion
– la vache
– le singe.

qui :
– téléphone
– boit
– dort
– court
– lit (un livre)
– mange (un cookie)
– joue du piano
– fait de / joue à l’ordinateur
– descend les escaliers
– s’assoit.

Les bandes sont déclinées en 3 couleurs :
— Roses : Le sujet varie, le verbe est fixe
— Bleues : Sujet invariant mais verbe qui change
— Violette : le sujet varie et le verbe aussi : il y a des animaux et des actions toutes différentes sur une même bande !

Vous pouvez imprimer, plastifier, découper et les accrocher en porte-clefs. Vous pouvez scotcher les bandes afin de créer des longues séries de 10.

Scotch mis au bord pour venir joindre les deux bandes.

Je vous conseille de ne pas couper la lisière de gauche afin de pouvoir percer la bande blanche et mettre un anneau. Ensuite, vous collerez les pages avec du scotch en « bouts touchants » pour faire de longues bandes :

Une version « classeur d’autonomie petites phrases » est également disponible ici. Je vous conseille de l’utiliser après avoir fait les phrases ci-dessus en échoïques afin que l’enfant ait pris l’habitude les les verbaliser (oralement ou dans sa tête) cela permettra de lui faire réviser « tout seul » son verbal. Si il a pris l’habitude de le faire « juste visuellement » il y a moins de probabilité qu’il verbalise en même temps.

D’autres fiches additionnelles vous permettront de travailler les stimuli multiples avec deux possibilités X2 : « le renard nage » que l’enfant ne devra confondre ni avec le renard qui joue ni avec un autre animal qui nage!

Il y aura d’autres supports pédagogiques avec ces animaux afin d’introduire le « que fait? qui? où? » à la suite de cet article…. je les teste actuellement.

 

Les outils pédagogiques dans le commerce pour travailler le langage oral avec les enfants en retard de langage.

Le loto des amis – Orthoédition

Comme son nom l’indique, il est sous forme de loto. Il y a les mêmes actions faites par un garçon, une fille et divers animaux (un lapin et une tortue), des phrases également avec des compléments ainsi que la possibilité de travailler la négation dans les phrases : le lapin mange VS le lapin ne mange pas.
Ce qui est super je trouve, c’est que « le lapin ne mange pas » est représenté par un lapin qui ne fait rien et non par un lapin qui mange et qui serait barré. C’est la négation la plus naturelle et la plus transférable par la suite je trouve.

Le loto des amis

Construisons des phrases simples – Editions Passe-temps. Il existe deux versions : le 1 et le 2.

Ce support propose des cartes avec des gens (monsieur/garçon/fille et dame) qui font des actions simples qui demandent un COD.
Il y a un « tapis de parole », on choisit une carte (parmi une série de 30 cartes) que l’on va pouvoir décortiquer en sélectionnant les bonnes cartelettes : Sujet – Verbe_ Complément.

 

Mes premières phrases – Editions Passe-temps. Il existe deux versions : le 1 et le 2.

Il s’agit de suites d’images avec les mêmes personnages représentés 5 fois en train de faire des actions différentes ou bien de 5 personnages différents en train de faire des actions identiques. Les enfants aiment bien ce support en général, il a bien du succès.
La présence de structures répétitives rend ce support intéressant : la mamie boit de l’eau, la mamie boit du lait, la mamie boit du café, … les illustrations sont très belles et quelques détails humoristiques trainent ici et là.

Que fait-il que fait-elle – Oiseau magique

C’est un support qui n’est plus édité et qu’on trouve parfois sur le marché de l’occasion. Je l’adooooore.

Il y a 48 illustrations d’actions, chacune est en double : un exemplaire fille et un garçon.
De plus, les enfants sont habillés d’accessoires de couleurs (chaussettes, lunettes, écharpe)
Avec ces cartes, le jeu contient également des cartes en longueur avec un bonhomme filaire (fille ou garçon) et une action filaire (saute, pousse, mange, …)

Ce jeu est intéressant car au delà du développement de la phrase avec le lexique d’actions et la possibilité d’utiliser les pronoms il/elle (et de trier fille/garçon), il permet de travailler sur les descriptions grâce aux accessoires qui varient.
On peut les associer sur plein de critères et on peut également les associer à des textes (non fournis mais je les ai tapés si ça vous intéresse) afin de travailler la lecture et la compréhension.

Que fait-il? Que fait-elle? | Jeux pédagogiques, Boîte à livres, Jeux
Les phrases jumelles – édition Passe-temps

C’est un support des éditions passe-temps : il s’agit d’un format pochette transparente comme ils en font plein. Il traite 54 cartes-images avec la possibilité de travailler des phrases plus ou moins complexes (phrases simples et phrases coordonnées). Ce support permet de travailler les pluriels.
Contrairement aux supports présentés au-dessus dans cet article, ce support pédagogique contient des cartes-textes qui permettent d’associer avec une image (compréhension écrite simple)

Syntaxe en action – Ortho&Logo

Il existe deux versions de « syntaxe en action », le 1 et le 2.
Pour la structuration morphosyntaxique en réceptif et expressif . Ces jeux sont sous forme de planches de loto, avec des bandelettes phrases + cartes images avec des personnages/animaux, des action et des compléments. Plusieurs niveaux de difficulté : pour travailler le sujet + V + COD + adjectif. Ils permettent également de travailler le langage écrit.

Il existe également « Syntaxe en Action » que j’aime beaucoup. On peut y travailler notamment des petites phrases : sujet, V, COD. Il permet de traiter l’allongement de phrases avec de petites descriptions ou des réponses à « qui? », « où » et « que fait » avec des illustrations de personnages différents qui font des actions différentes dans différents lieux, type « le chat mange dans la cuisine ».

 

Apprendre la grammaire avec des jeux de cartes – Retz


Il s’agit d’un livre accompagné d’un CD avec une application qui permet de créer des jeux de cartes, de loto, de memory, … que l’on peut imprimer en couleur ou en NetB. Il est initialement édité pour les maternelles, de la PS à la GS : sa base est donc simple, comme on les aime !
Selon les séries, les cartes mettent en apprentissage : la phrase simple, l’accord d’un adjectif, l’utilisation du mot « avec », la production de phrase type « X et Y », les phrases négatives (fait des bulles/ne fait pas de bulles), la description simple avec motifs ou quantités et même les subordonnées relatives et causales.
Enfin bref, cet ouvrage fournit des illustrations simples et pertinentes pour travailler la production de petites phrases.

 

Jeu des familles de mots – Nathan

Ce support permet, comme les autres de produire des petites phrases simples :  sujet verbe + un élément de couleur.
Ce jeu contient des bandes (avec des séries de personnages différents qui font la même action / le même personnage qui fait des actions différentes/ et des séries avec des compléments de couleur ou de lieux) ainsi que des cartes avec différentes règles du jeu.

Jeu de langage - Ateliers de langage | Nathan Matériel Éducatif

Jeu de langage – Nathan


Ce support est intéressant à utiliser en PACE. Il est composé de planches et de cartes qu’il faut apparier.
Pour chaque illustration, il existe des petites variations : des éléments avec des couleurs différentes, avec un parapluie ouvert ou fermé, un t-shirt jaune ou un bleu, un caddie plein ou vide, un ou deux bébés souris, une souris sur ou sous le pont, etc, …

Par exemple, il y a l’illustration du singe avec un ballon bleu, une autre avec un ballon vert, un autre avec un jaune et un autre avec un rouge. Ainsi, l’apprenant est contraint à préciser la couleur pour obtenir la bonne illustration. 

Jeu de langage - Ateliers de langage | Nathan Matériel Éducatif

Vous en connaissez d’autres? n’hésitez pas à laisser un message ou à me contacter par mail afin que j’ajoute vos idées de supports ici !  😉