On ne le dit jamais assez : il est important, dès que votre petit élève sait faire quelque chose, qu’il le FASSE SEUL.
Le fameux « ahhhhhh si si il sait faire ça » mais quand on teste vraiment, sans aucun indice, l’enfant ne démarre pas ou ne fait pas l’activité.
Souvent, les enfants avec handicap ne parviennent pas à s’occuper seuls : ils déambulent, stéréotypent ou manipulent 2 secondes un objet ………. mais ne jouent pas à proprement parler.
La compétence de jouer, comme les autres compétences, va devoir s’apprendre.
En attendant que cela soit travaillé et acquis (on ne va pas se mentir, souvent c’est très très long) on peut proposer à l’enfant des activités à faire en autonomie et autogestion. Cela permet de l’occuper « intelligemment » en entrainant sa motricité, son sens de la déduction, sa capacité à enchainer les tâches simples, …
Attention, des photos de boîtes seront ajoutées fréquemment, pensez à repasser par ici régulièrement !
(dernier ajout 22/04 /25)
D’un point de vue matériel
Personnellement, j’utilise les boîtes de rangement de chez action, il s’agit de la collection IRIS, contiennent 5 litres et mesurent 34 x 20,6 x 11 cm. Je trouve ce format très pratique pour mettre les activités : elles ne prennent pas trop de place et en même temps leur forme en longueur permet d’y placer des activités de grandes tailles. Le fait d’acheter une série de boîtes strictement identiques permet de les stocker plus facilement et plus élégamment (sachant que c’est quand-même un atout esthétique discutable … 😉 ). L’objectif étant d’enchainer plusieurs boites, le fait qu’elles puissent s’encastrer les unes dans les autres va permettre de faire des piles hautes qui ne tomberont pas.
Tout dépend de l’enfant mais je vous conseille d’acheter entre 5 et 10 boites.
Il s’agit ici de tâches très simples à réaliser : ces boîtes pourront évidemment petit à petit être remplacées par des tiroirs hauts voire plus tard par des pochettes à compartiments avec des exercices-papiers, comme pour nous lorsqu’on a des documents à traiter.
L’objectif : qu’il enchaine les boites et qu’il travaille tout seul alors que vous vous faites autre chose, dans la même pièce voire dans une autre pièce !
D’un point de vue pédagogique
REGLES d’or :
- On fait TOUJOURS dans le même sens : l’élève prend les boites une par une à gauche, réalise la tâche au centre de la table et pose à droite en empilant sur le couvercle de la précédente.
- on ne met dans les boites que du SUPER ACQUIS !! forcément si l’enfant ne sait pas faire il va vous attendre … logique ! Vous hésitez entre deux activités : choisissez la plus facile !
- une SEULE activité par boite
- on sélectionne des activités avec un produit permanent : une tâche dont on pourra voir le résultat, avec un changement d’état en final qui nous permette de voir si la tâche a été réalisée ou non
- on VARIE le plus souvent possible le contenu des boites : même si vous pensez que « c’est pareil », variez variez variez !! Deux trousses qui vous semblent identiques ne le sont pas : parfois le zip est plus ou moins facile à tirer, la « zipette » est plus ou moins facile à tenir, etc … En variant, vous éviter à l’apprenant de se lasser et vous lui offrez la possibilité de généraliser l’enseignement.
- on repère les boites que l’enfant aime pour pouvoir composer d’autres activités funs pour lui et les mixer avec des boîtes moins attractives pour lui
- favoriser des contenus « fonctionnels » ou fun pour l’enfant en question
- la consigne doit s’imposer visuellement (sinon il va attendre ou vous demander ce qu’il doit faire et ce n’est pas le but)
- ZERO VERBALISATION pendant que l’enfant fait ses boites à part pour lancer l’activité, une consigne du type : « fais ça ». N’oubliez pas le but est de vous estomper le plus rapidement possible et qu’il soit seul !! Je vous conseille de filmer l’enfant qui réalise son enchainement des X boites afin de pouvoir apprécier à quel point il a réalisé tout ça SEUL !! Filmer permet de voir quelques guidances dont on n’aurait pas eu conscience pendant la séquence.
Personnellement, je n’aime pas les séquentiels avec les numéros de boites car je trouve que ça rend plus difficile la tâche : l’enfant a une pile, il prend une par une les boites en les traitant au fur et à mesure et quand il a fini il peut s’en aller faire sa pause. Si cela vous semble nécessaire, vous pouvez faire une photo de l’état final attendu de l’activité et la coller dans la boite (il est important de la coller car sinon l’enfant va tenter de faire quelque chose avec) . Pour ma part, je ne le fais pas car en général les enfants savent/ trouvent quoi faire et j’aime que le SD soit « naturel ».
Commencer l’enseignement
Comme pour tout, cela a besoin d’être enseigné sans sauter les étapes et sans aller trop vite sous peine d’avoir un résultat bancal et de devoir aider l’enfant dans les étapes. Or, si on l’aide, cela n’a plus de sens !
On va commencer à présenter à l’enfant une seule boite, fermée, avec l’activité acquise qui se trouve dedans. La boite sera sur la gauche de l’enfant et on peut placer dès le départ en prévision de la suite un couvercle de boite afin de matérialiser où l’enfant devra poser sa boite une fois le travail réalisé.
On va alors guider le fait de prendre la boite, l’ouvrir, sortir les éléments pour réaliser l’activité. L’élève réalise ensuite l’activité et on l’aidera pour replacer l’activité dans la boite sans redéfaire ce qu’il vient de produire. Notre aide devra se cantonner à la gestion de l’organisation et aux petites manipulation autour la boite (les verbes en orange) et non sur l’activité.
Dès que 2 boites seront acquises séparément, on pourra poser à gauche de l’enfant deux boites l’une sur l’autre et lui faire poser.
Exemples et idées :
Ici, je vais tenter de mettre des idées SIMPLES et FACILES à réaliser avec des objets du quotidien ou des jeux pas chers. L’objectif est de faire des boites destinées à des enfants petits ou en grande difficulté car c’est souvent pour eux que les idées manquent. Evidemment si vous avez d’autres idées, je suis preneuse et les ajouterai dans cet article !! 😉
ATTENTION : l’objectif n’est pas d’acheter des éléments pour faire exactement les mêmes boites que moi !! Le but ici est bel et bien de trouver des choses dans votre environnement à vous, qui soient accessibles et si possible gratuites, afin de varier et de mettre dans vos boites des objets « de la vraie vie ». Faites le tour de votre maison ou de la structure dans laquelle vous travaillez et attrapez des choses pour constituer des supers boites qui changent de celles de la veille ! 🙂
–> Des pinces et des éléments à pincer.
Ici, un pull rouge et une très grosse pince (très souple) rouge. Ici, le sens de la pince est facile à repérer car c’est souvent ce « détail » qui pêche …
Variantes et évolutions: réduction de la taille des pinces et correspondances couleurs entre les pinces et les éléments, …
Une variante plus complexe: pincer sur le tissu de la couleur de la pince.
Niveau difficile des pinces : elles sont toutes petites et l’élève doit les placer sur les pastilles de couleur :
–> Des éléments à ranger dans une trousse ou pochette zippée.
Ici, un lot de petits singes à mettre dans la pochette et refermer la pochette avec le zip.
Variantes et évolutions: feutres avec une trousse, crayons, cartes à jouer, …
Variante avec une pochette non-zippée mais à coulisse. Contrairement à la trousse rigide ci-dessus, il faudra maintenir la gueule du sac ouverte pour ranger les disques verts!





–> Des « tirelires ».
Ici, il s’agit d’une bouteille de crème fraiche (vidée 😉 ) avec une fente et l’enfant doit insérer les jetons dedans.
Variantes et évolutions : des bâtonnets genre bâton de glace où l’enfant sera obligé d’orienter, des cure-dents dans un mini trous, des jetons plats, …

–> Des puzzles à encastrements
Ici, délibérément faciles.
Variantes et évolutions : des puzzles en carton et avec de plus en plus de pièces.
Ci-dessous, un puzzle à deux pièces en carton qui tient dans la boite même lorsque les pièces sont assemblées :
–> Des picots à insérer dans la grille.
On en trouve facilement : une grille et quelques picots selon le niveau de l’élève.
Variantes et évolutions : des puzzles en carton et avec de plus en plus de pièces.
Une variante avec ce même matériel : l’apprenant doit ranger les picots dans la boite grillagée.
–> Des perles à enfiler.
Ici, un lot de un fil chenille (donc épais et rigide car il contient un fil de fer) et des perles avec de gros trous!
Variantes et évolutions : fils plus fins et/ou souples et perles plus petites, …
–> Challenges de motricité.
Ici, on met des élastiques autour de la balle à picots : l’enfant doit les enlever. On peut également mettre une petite boite pour les mettre dedans après :
Monsieur Jaune : une balle de tennis fendue (plus la fente est longue, moins il faut de force pour appuyer sur les côtés pour ouvrir la bouche) et des jetons plats.
Variantes et évolutions : fente plus courte et plus de jetons.
Le fouet et des pompons : l’objectif est de « délivrer » les pompons coincés dans le fouet et de les mettre dans la petite boite en plastique.
Cela travaille la différenciation des doigts, le bimanuel et la planification.
–> Des feutres ouverts qu’il faudra refermer.
Ici, un lot de trois corps de feutre et trois bouchons.
Variantes et évolutions : un tube de dentifrice vide, un pot de confiture et autres pots variés où l’enfant retrouvera le bon bouchon et le placera sur le bon récipient.
–> Des éléments à ranger dans des boites.
Ici, un lot de feutres et une boite transparente.
Variantes et évolutions : différents éléments à placer dans des boites dont les systèmes de fermeture seront plus complexes (par exemple avec des ailettes à rabattre).
–> Des éléments à visser
Ici, il s’agit de fermer deux pots de confiture dont les tailles sont très différentes. Le geste est complètement différent de fermer une boite car il faut faire pivoter son poignet pour visser les couvercles.
Variantes et évolutions : différents pots avec des tailles plus proches, des vis avec des écrous pour enfants, …

–> Des feuilles avec des tampons / feutres et des zones
Ici, un tampons auto-encrés et une feuille (à imprimer de ce site).
Variantes et évolutions : différents exercices où on peut coller des gommettes ou tamponner ou colorier des éléments dans des zones.


Vous trouverez de nombreux petits exercices « teacchables » sur ce site, à choisir selon le niveau et les envies de l’enfant.
–> Jeu type Colorino avec des jetons à placer.
Ici, tous de la même couleur car il n’est pas question de reproduire une image particulière. Il faut « juste » les encastrer sur les tétons.
Variantes et évolutions : Colorino avec modèles précis à reproduire avec différentes couleurs (il y en a sur le site)
Variantes et évolutions : avec des Duplos à assembler pour former une tour.
On peut évidement par la suite mettre un modèle en image à reproduire, comme ci-dessous :

–> Challenge « vie quot’ « : avec des tâches de la maisonnée.
Ici, chaussettes de bébé à associer par paires et à retrousser pour les maintenir ensemble.
Je rappelle que dans ces boîtes, l’enfant doit MAITRISER cette activité, ici on n’apprend pas, on enchaine des tâches acquises.
Variantes et évolutions : On peut aussi ajouter 4 pinces à linge et l’enfant devra les coupler deux par deux avec une pince.
Variantes et évolutions : On peut, selon l’âge de l’enfant évidement, lui faire habiller des poupons :

Variantes et évolutions : le tapis à boutonner, l’enfant doit enfiler la boutonnière de la fleur sur le bouton de la pelouse (support à fabriquer) :
Variantes et évolutions : des sachets ouverts avec des pinces à placer sur les ouvertures pour fermer les sachets.
Variantes et évolutions : Plier du linge carré, ici des lingettes en vrac : l’objectif est évidemment de tout plier (enseignement déjà fait, l’enfant SAIT DEJA plier !!)
–> Tris selon des critères (couleurs, tailles, formes, quantités, etc.).
Ici, j’ai mis des petits pots refermables (faciles à ouvrir et à fermer) et l’enfant devra trier par couleurs puis fermer les pots.


Variantes et évolutions : des abaques de chez Nathan. L’élève est habitué à ce type de tri sur des piquets et donc, c’est un acquis pour lui : il peut faire seul et sans erreur.

–> Jeux premiers âges classiques
Ici, j’ai pris un jeu de gobelets à encastrer ; on peut en mettre moins en choisissant un gobelet sur deux par exemple pour que les différences soient plus flagrantes et que l’activité soit plus rapide à exécuter.







–> Petits éléments à conditionner
Ici il s’agit d’un emballage de jetons avec les jetons à replacer et le carton à coulisser pour refermer le paquet à la fin.

Autre exemple ; mettre des élastiques autour d’une cartonnette :
Ranger des trombones sur un papier cartonné ;

Variantes et évolutions : pour préparer à des exercices de conditionnements, on pourra aussi mettre des petits emballages (sachets / boites transparentes /…) avec une quantité stipulée dessus. Le jeune devra faire des lots de 10 (ou 20 ou 50 exemplaires) en les plaçant dans les emballages prévus.

–> Activités avec scratchs
Vous pouvez également mettre des petites activités « scratch » aussi pour changer un peu. Cependant, ATTENTION de ne pas tomber dans le « tout scratch » : profitez du fait d’avoir des boites pour mettre des choses à manipuler car les enfants aiment et cela permet de continuer à entrainer la motricité fine !!!

Conclusion
L’important sera de mettre de l’acquis et de changer continuellement le contenu pour que l’enfant « découvre » et continue à être motivé pour ces tâches. Idéalement, il faudrait que l’enfant ne fasse jamais deux fois la même boite. Lorsque cela est possible, essayer de prendre les mêmes éléments mais de créer des challenges différents. Par exemple : les perles qui servent à faire un collier vont servir la prochaine fois à faire uniquement du tri de couleurs puis serviront à être comptées pour être mises par lot de 5 dans des petits pots individuels.
Respectez le sens : l’élève prend les boites une par une à gauche, réalise la tâche au centre de la table et pose à droite en empilant sur la précédente.
Quand l’enfant maitrise bien, qu’il peut se permettre de moins manipuler, on peut passer à des exercices plus en 2D, comme des classeurs d’autonomie (voir cet article là) puis des exercices-papier de boite à enchainements (voir là) pour enfin n’avoir plus qu’une pile de papiers, comme sur nos bureaux à nous. :-p
(Merci Maitresse Aline d’avoir corrigé mes fautes )