Travailler les synonymes avec des enfants autistes? quelle drôle d’idée ! A priori, cela semble un peu trop scolaire et complexe pour être utile … Le but n’est pas d’éviter les redondances disgracieuses à l’oral mais bien de favoriser la compréhension du vocabulaire de base pour des termes fréquemment utilisés.
Lorsqu’on travaille avec un enfant qui n’a pas ou peu de vocabulaire, il faut travailler tout d’abord les noms. Traditionnellement, il est admis qu’il faille 150 mots pour augmenter le répertoire en introduisant les verbes. Ensuite, on introduit les adjectifs … Ca paraît très logique mais régulièrement, lorsque je vais en IME, l’un des premiers enseignements est les couleurs…
Cependant, on s’aperçoit rapidement que même dans le vocabulaire simple, quotidien et fonctionnel, les termes utilisés diffèrent d’une personne à l’autre. Il va falloir que l’enfant apprenne que des mots signifient parfois la même chose. Pour les enfants autistes qui sont souvent les rois de l’univoque, ce peut être complexe. Le pré-requis pour ces synonymes est de pouvoir associer des semblables non identiques (voir article à ce sujet) que l’on travaille au début avec des objets ou des images. Ensuite, lorsque cette flexibilité mentale est acquise, on peut travailler sur les mots. Les non-lecteurs peuvent également travailler cela à l’oral.
Ainsi, il est important pour l’enfant de savoir que :
une baguette = un pain
un homme = un monsieur
une maman = une mère
un papy = un grand-père
pareil = le même, …
-> Et oui : dans les exemples ci-contre, il s’agit d’un vocabulaire très simple et en fonction des personnes, on utilisera plus volontiers un terme plutôt que l’autre. Il y a donc nécessité rapidement de savoir que ceux-ci s’équivalent.
Remarque : les synonymes sont parfois des sens proches, il s’agit de synonymes adaptés au handicap, ils sont donc très différents de ceux disponibles sur internet pour les CE1-CE2! Nous visons ici la compréhension de cibles fonctionnelles et simples.
Pour ce faire, j’ai crée un petit jeu. L’objectif est de mettre ensemble 2 mots pareils. Pour simplifier la combinaison, il y a un « codage » : il faut imprimer une liste sur feuilles oranges et l’autre sur feuilles jaunes. Le jeu consiste à associer une étiquette orange avec une jaune.
En séance, j’essaie de prendre un frère ou une sœur mais si ce n’est pas possible, on joue à deux. On étale par exemple les oranges sur le bureau, on tend en éventail (ou en gros tas … 😉 ) les étiquettes jaunes, l’autre pioche et il doit retrouver le synonyme orange sur le bureau. Dès qu’il trouve, il remporte son lot. Puis, ce joueur présente à son tour les étiquettes jaunes au premier joueur et ainsi de suite! Il n’y a pas de gagnant ni de perdant mais c’est plus ludique que de laisser l’enfant associer toutes les étiquettes seul. De plus, ca permet à l’adulte d’apparier les synonymes plus complexes pour laisser ceux accessibles pour l’enfant.
Si vous avez d’autres idées de vocabulaire très simple et fonctionnel qui n’y figurent pas, aidez-moi à compléter cette liste! 🙂
Remarque : mon ami Matt, aesh auprès d’une enfant sourde me précisait que ce support pouvait également être utile avec ces enfants là : l’accès aux synonymes étant compliqué à acquérir.
Pour aller plus loin …
Voici des documents papier à imprimer, idéal pour conserver l’enseignement ci-dessus, à mettre dans une BàE :
Il existe deux versions de Pipolo chez Djeco, ça porte donc à confusion. Il me semble que celui sur fond jaune soit plus ancien et qu’il ne se trouve que d’occasion.
Il s’agit de deux versions différentes qui ont la même règle du jeu. Ici je ne vais parler que de celui de gauche, sur fond jaune. Je trouve l’autre inintéressant pour nos enfants.
Ce jeu est à la base un jeu de bluff : outre le fait que je n’aime pas ce type de jeu d’une manière générale, c’est particulièrement peu indiqué pour nos enfants. Il est très rare que je change une règle du jeu mais il était dommage de passer à côté de ce joli matériel à cause de sa règle du jeu. J’aime l’esthétique de ce jeu, sa thématique sur les prépositions spatiales, la clarté de l’info (il y a un carton et un animal : on se place forcément du point de vue du vivant), …
Afin d’utiliser ce jeu, j’adopte donc une règle proche du UNO : On pioche chacun 5 cartes, on retourne une carte sur la table. On doit ensuite défausser les cartes où figure soit le même animal, soit le même positionnement par rapport à la boîte. On travaille donc : les prépositions évidement, mais aussi la flexibilité mentale et l’inhibition (parfois les enfants sont tentés d’associer par la couleur des boîtes en carton .. mais il ne faut pas 🙂 ).
Il s’agit de 12 animaux différents dans 4 positionnements différents !
Ce jeu peut être utilisé également avec les petits (/niveaux) en faisant du tri : – tri par la couleur des boîtes (trois tas) – tri par animaux (12 tas), – tri par prépositions (4 tas). Cela travaille la flexibilité mentale : on trie de 3 façons différentes le même matériel.
Pour mes collègues psy, cette tâche peut faire partie des Dimensional Change Card Sorting Task, DCCS (avec flexibilité mentale, mémoire de travail et inhibition) ou bien des ATI (Alternance des Tâches Indicées) avec des blocs mixtes.
C’est un jeu classique que l’on trouve en supermarché et qui est très fréquemment en vente d’occasion. Il existe plusieurs versions : des plateaux plus petits, des versions de même tailles mais en photos ou en dessins, ainsi que des versions dont le but diffère légèrement.
Il s’agit d’un plateau de jeu et des petites cartes avec plus de 300 petites cartes illustrées. Le but du jeu est de retrouver l’illustration sur le grand plateau de jeu. En soi, il est déjà assez intéressant à utiliser comme ca. Pour les enfants plus petits, on peut trier les images par « tranches » de plateau dans des petits sacs, cela permet d’avoir une surface à scruter moins étendue.
Jeu du Lynx dans sa version la plus classique.
Le Lynx a l’avantage d’être une énorme banque d’images dont on peut se servir indéfiniment pour faire des tris selon le niveau de l’enfant. Ainsi, on peut trier par couleur, par forme, par catégorie, par fonction, par genre, par localisation, par nombre, …
Ci-dessous, des étiquettes réalisées par une maman avec laquelle je travaille :
Etiquettes à piocher ……
… pour trouver un item correspondant!
Ici, on a trier des items pour s’habiller, des items pour manger et des items pour jouer :
On peut également trier les cartes en genre et en nombre : féminin singulier, masculin singulier, féminin pluriel, masculin pluriel.
Souvent, on travaille les mathématiques de base avant même de s’assurer de la maîtrise de compétences sous-jacentes requises. Parmi ces compétences, il y a selon moi la nécessité de compléter de petites séries (où la numération n’est pas requise, évidement). Cette notion fait suite à toutes les séries de « donner le même », « donner un similaire non identique », etc, …
Ici, on va voir comment travailler le « répéter une même collection ». Comme d’habitude, on complexifie tout doucement au fur et à mesure pour ne pas mettre en échec et bien respecter le rythme de progression de l’enfant.
Comment procéder?
On prend des boîtes à casiers ou des récipients séparés (environ 5 ou 6) : ça peut être une boîte à compter, un moule à muffins, etc, …ou des bols identiques en couleur et forme.
Des petits objets bien identiques entre eux et différents les uns des autres : des pièces de jeu, des objets de la maison (trombones, boutons, coton-tiges, etc, …)
On fait ensuite un modèle dans le premier compartiment et on met à disposition les éléments à placer. L’enfant doit refaire le même pattern (=le même ensemble) X fois.
On peut commencer avec un seul élément et en mettre un dans chaque case, puis 2 éléments, et ainsi de suite.
Alors une petite question : Disons que l’on veuille mettre dans chaque case : un pingouin vert, un pingouin rose et un cube bleu. Quel est le plus facile pour l’enfant? Ajouter juste les éléments manquants (A) ou bien remplir la totalité de la case (B)?
Bon, vous vous en doutiez, vu que je pose la question … le plus facile c’est évidement ce qui paraissait le plus compliqué a priori : tout remplir. Compléter un début de collection entamée demande plus de manipulation mentale : de faire le point sur ce qui est mis, d’ôter mentalement ce qui est déjà mis afin de n’ajouter que le manquant.
Donc, on commence à travailler le fait de répéter toujours le même ensemble (la configuration telle qu’on la voit en B) – à la manière des algorithmes _ puis on travaille la complétion d’une collection en mettant déjà des éléments (comme pour la configuration A).
Exemples de complétions à 4 items :
Il y a 4 pingouins dans la 1ère case, il faudra compléter par 2 ou 3 pingouins selon les manques ET trouver les bonnes couleurs à compléter.
Ici, on a des formes différentes : un marron, un jeton jaune et un pingouin rouge. On enlève un item au hasard et on donne à l’enfant pour qu’il complète dans les bonnes cases :
C’est un exercice assez complexe mine de rien lorsqu’on augmente les cibles à compléter!
Cette activité, avec complétion ou non, peut être travaillée dans le milieu naturel facilement car c’est une compétence dont on a besoin au quotidien. Par exemple :
en faisant des minis-pizzas (mettre un fond de sauce tomate, un mini bout de jambon, un petit carré de gruyère, etc sur toute la planche à mini-pizza
en faisant des mendiants : l’adulte fait les aplats de chocolat et l’enfant met sur chaque : une noisette, un raison sec, et une amande.
en mettant la table, …
Ensuite, pour continuer cet enseignement, vous pouvez aller voir l’article « »trouver ce qui manque » ici.
Un jeu super chouette de chez Gigamic … C’est une copine ortho qui me l’avait fait découvrir il y a un bon nombres d’années.
Ce jeu contient deux types de cartes :
des cartes où figurent 4 animaux –> qu’on va laisser en tas
des cartes où il y a un animal coloré –> qu’on va étaler face visible sur la table.
Il existe 5 animaux possibles : la vache, le cheval, la chèvre, le chien, le chat dans 5 couleurs possibles : rouge, vert, jaune, violet, et bleu.
Pippo, de chez Gigamic
Le but du jeu « de base » est de piocher une carte du tas, de trouver l’animal et la couleur manquantes et d’attrapper le plus rapidement possible l’animal qui correspond sur la table. Par exemple, ci-dessus : si on regarde la carte de gauche : il manque l’animal vache et il manque la couleur jaune. Il va donc falloir attraper la carte « vache jaune » le plus rapidement possible.
Il y a aussi possibilité de jouer dans l’autre sens, pour ceux qui aiment les challenges : on tire les cartes avec les animaux uniques et on doit attraper les cartes composées de 4 animaux. C’est beaucoup moins facile!
J’aime ces petits jeux qui peuvent être utilisés en transversal avec des enfants de plein de niveaux différents … J’utilise par exemple les cartes « animal-seul » pour faire de la verbalisation item+couleur, ou bien de la compréhension double critère (« donne-moi la vache rouge »), …
Afin de faciliter la mémorisation des possibilités d’animaux et de couleurs, j’ai fait deux petites frise qui aident à s’organiser dans la réflexion :
Les frises permettent de bien distinguer :
il manque le jaune et
il manque la chèvre
donc je cherche la chèvre jaune!
Vous pouvez imprimer, découper et plastifier cette « carte- frises » afin de la mettre dans la boîte de jeu.
Encore une fois, différentes possibilités pour jouer à ce jeu de chez Gigamic. Il se joue de 1 à 4 joueurs. Une version classique : on installe le jeu avec 3 démarrages de ligne, chaque joueur a 5 cartes en main (sur table en l’occurrence pour mes enfants), et la suite consiste à ordonner les cartes de 1 à 10. Mais attention, il est interdit de mettre deux collections du même objet sur la même ligne. En général, j’explique cette contrainte une fois l’enfant à l’aise avec le reste du jeu. Ça ne pose pas de problème en soi car la notion de même/différent est une notion que je travaille en permanence, cependant, c’est quand même un paramètre supplémentaire que l’enfant devra prendre en compte.
1, 2, 3 … comptez! de Gigamic
Une originalité dans ce jeu: la pioche est en deux lots et le verso des cartes indique la valeur de la carte. On peut donc voir si l’enfant anticipe (ou non) sa future pioche en prenant une carte « utile » le cas échéant.
Jeu classique des orthophonistes et psy : c’est LE jeu de logique par excellence. Son grand atout: pouvoir travailler la logique sans avoir le frein du langage, et pour certains des enfants que je suis, c’est très agréable. Graphiquement, il peut difficilement être plus laid , et c’est bien dommage.
Logikville de chez Asmodee
Le jeu est composé de cartes-défis, de 5 maisons, de personnages et d’animaux à placer selon les indications codées qui figurent sur les cartes. Les défis sont classés en difficultés croissantes.
Néanmoins, même les premiers défis sont complexes. Il faut comprendre que:
les personnages sont toujours à mettre en haut et les animaux en bas
les codages principaux sont « x est là » et « y est non là »
Il faut deviner l’emplacement de ceux pour lesquels il n’y a pas d’informations.
Afin d’automatiser ces quelques pré-requis, j’ai créé des cartes simplifiées afin de guider les enfants progressivement vers les cartes originelles.
Par exemple ci-dessous, on donne 3 maisons et les trois personnages (jaune, vert et rouge) à l’enfant. – Les cartes 1 et 2 stipulent où mettre chacun d’eux, – de la 3eme à 6eme carte, seuls deux personnages sont situés, il faut deviner lequel se trouve sur le point d’interrogation – à partir de la 7eme carte, il y a des négations : le jaune est au milieu, le rouge n’est pas à gauche, donc il est à droite, donc le vert est à gauche!
Petit jeu que j’ai eu dernièrement : il m’a été donné. C’est un jeu Cocktail Game qui était distribué à une période chez Quick avec les menus enfants. Quelle bonne idée !
Jeu « démo » Face de Bouc
Je n’ai eu donc que la version démo pour l’instant : il s’agit du même jeu, sans la boîte et avec des personnages en moins, mais ça n’entrave en rien la partie.
Au plus simple, car d’autres règles existent, on pioche des cartes et on nomme les petites bébêtes comme bon nous semble. Lorsqu’on tombe sur une bébête qui a déjà été retournée au cours de la partie, il va falloir se remémorer le surnom qui lui avait été donné !
La règle est très simple et les enfants comprennent bien. Pour certains enfants autistes, il est impossible de but en blanc d’imaginer un surnom. Dans ce cas, on peut les guider en relevant avec lui certaines caractéristiques : il est bleu, il a l’air tout doux, on dirait plutôt une fille tu crois?, il ressemble à tel objet, etc, …
Au cours d’une partie avec une petite fille, elle a d’abord épuisé tous les prénoms de sa famille nucléaire, puis elle a dû en trouver des nouveaux. Et alors que je nomme le personnage de gauche « monsieur melon » et lorsqu’elle doit nommer le personnage suivant, elle me dit « monsieur Carotte » (personnage vert également, a priori étonnant en dehors du registre légume….)
Pour la seconde partie, remémoration, je trouve très intéressant de voir ce que retient l’enfant : plutôt les surnoms logiques? plutôt ceux que l’enfant lui-même a donné? plutôt récemment donné ou bien ceux en début de pile? (effet de récence ou effet de primauté…), plutôt ceux qui ont fait rigoler?, …
De plus cela permet d’évaluer la qualité de mémorisation sur de « nouvelles cibles » jamais apprises précédemment et de quantifier ce que l’enfant garde en mémoire de travail le temps de la partie. J’attends de m’entrainer un peu avant d’acheter la version complète : la version allégée avec uniquement 6 ou 7 bébêtes est en fait bien suffisante … pour moi également !
Tête de pioche est un petit jeu de cartes de chez Piatnik. On doit piocher 5 cartes à dos bleus sur lesquelles figurent 4 têtes d’animaux. Puis on tire une carte-consigne (à dos rouge, sur laquelle il y a 2 têtes d’animaux) qui indique quelle(s) carte(s) doi(ven)t être défaussée(s).
Par exemple, sur la photo ci-contre. On doit se défausser de cartes sur lesquelles il n’y a ni lion, ni chien. Donc, la seconde carte en partant de la gauche.
Les cartes-consignes peuvent présenter 3 situations:
La présence de 2 animaux sur la carte
La présence de l’un et l’absence d’un autre.
L’absence de deux animaux.
Afin d’introduire ce jeu, toujours pour le faciliter avant de passer aux vraies règles, j’ai photocopié quelques cartes-consignes que j’ai coupé afin de ne garder qu’une seule tête :
Ci-contre, il faudra se défausser de la carte de gauche, celle avec un ours.
Ci-contre, il faudra se défausser de la carte de droite car il n’y a pas de chien.
Une fois cela bien maîtrisé, on peut introduire les cartes-consignes fournies dans le jeu ça passe tout seul!
J’aime beaucoup ce petit jeu : il permet également de faire de la compréhension et de la verbalisation de négations par la suite. En effet, une fois bien à l’aise avec un support visuel, on peut travailler les termes de la négation en présentant 3 ou 4 cartes à l’enfant et en consignant :
Donne-moi la carte sans lion
Donne-moi la carte où il n’y a pas de lion
Donne-moi la carte sans lion ni vache
Donne-moi la carte où il n’ya pas de lion et pas de vache, …
On peut ensuite le travailler en expressif, l’enfant doit « lire » la carte-consigne : « sans cheval et sans chien », « avec lion et sans vache », …
Donc, ce petit jeu tête de pioche est un super basique avec : flexibilité mentale, négations, verbalisation de la négation, …le tout pour moins de 10€ .
La flexibilité mentale fait partie des fonctions exécutives : c’est une habileté cognitive supérieure. Dans ces fonctions exécutives se trouvent notamment : _ la mémoire de travail _ l’inhibition _ la flexibilité mentale.
Ces trois compétences sont à la base de tous les apprentissages. Cela permet à l’enfant de pouvoir utiliser les enseignements qu’on va lui transmettre. Ainsi, il est inutile d’enseigner à un enfant les lettres ou nombres si ces derniers ne peuvent être manipuler mentalement.
Pour résumer : inhiber les automatismes du cerveau (appelés heuristiques en psychologie cognitive) pour développer une nouvelle stratégie. A l’école, on utilise la répétition pour obtenir une forme d’automatisation. Ces « reflexes » vont permettre d’être rapide et efficace tout en étant économique pour le cerveau. Cependant, parfois, ces heuristiques ne fonctionnent pas, on doit alors utiliser des algorithmes : « réfléchir et analyser » utiliser des stratégies plus coûteuses cognitivement mais qui amèneront à la bonne réponse/ solution.
Cette capacités à inhiber et à sortir de son automatisme de réflexion dépend de la flexibilité (ou rigidité) mentale.
Il est fréquent que les personnes avec des troubles neurologiques aient des atteintes de leur flexibilité mentale, de façon directe ou indirecte (dues à des carences d’autres domaines des fonctions exécutives qui sont inter reliées).
Avoir une bonne flexibilité mentale est crucial dans les situations d’apprentissages : cela nous permet de nous adapter lorsqu’un changement survient, lorsqu’on doit résoudre un problème, lorsqu’on doit adopter la meilleure stratégie possible, … La flexibilité permet de pouvoir regarder un même ensemble avec des perspectives différentes : c’est par exemple cette habileté qui permet à un enfant de trier un ensemble de formes colorées de différentes manières : soit par formes (les triangles, les ronds, les carrés) , soit par couleurs (les rouges, les bleus, les verts), soit par motifs (ceux à rayures, ceux à pois, ceux à carreaux), etc, …
Remarques pour mes collègues psy : cette tâche fait partie des ATI (Alternance de Tâches Indicées) avec des blocs mixtes.
Cette flexibilité ou rigidité aura également des répercussions sur le comportementde l’enfant : comprendre l’autre, envisager le point de vue de l’autre, tolérer les changements de programmes, accepter de faire des erreurs ou des ratures, réussir à concevoir d’autres solutions lorsqu’on est en échec à répétitions, etc, … sont autant de problématiques rencontrées systématiquement dans les prises en charge avec troubles du comportement.
L’incapacité à changer de points de vue (ou ici, très trivialement, de façon de trier) est très fréquente et doit être travaillée. On s’aperçoit alors rapidement que les enfants avec handicap présentent souvent une particularité de « catégorie unique » : si un élément appartient à une catégorie, une fois « mis dedans », l’enfant aura des difficultés à accepter de le mettre dans une autre catégorie.
Cette rigidité va impacter l’intelligence fluide et engendrer des problèmes de compréhension : la mère de David ne peut pas être aussi la femme de Jean-Pierre, un verre est un objet donc ne peut pas aussi être de la vaisselle, « lève-toi » ne peut pas être aussi « debout », etc, …
Donc, par où commencer? que faire afin de casser un peu cette rigidité qui entrave nos enseignements? et bien, du tri, de la sélection, du multicritère, et encore du tri dans tous les sens et avec tout ce qu’on peut trouver!!!
Avec des jeux existants
Par exemple, avec un jeu de UNO : jeu tellement classique qu’un célèbre fastfood offrait un paquet de cartes dans le menu enfant il y a quelques années ! On le trouve donc très très facilement d’occasion pour quelques euros. Avant que l’enfant ne puisse jouer au UNO, on peut lui demander de trier les cartes : une fois par chiffre, et ensuite par couleur, ou le contraire. Si il ne parvient pas encore à le faire, inutile de tenter de jouer avec lui avec les vraies règles du jeu !
Avec des compteurs de Learning Resources
Très connus, ces petites figurines permettent de trier par sujet/ taille / couleur. Il existe différents thèmes : les animaux, les véhicules, les fruits, les aliens, etc.
Ainsi, on peut trier les animaux par couleurs (6 couleurs), par type d’animal (6 animaux), par taille (2 tailles) en prévoyant les cases nécessaires mais aussi en faisant extraire du tas à l’enfant les sujets ayant telle ou telle caractéristique, comme ci-dessous :
Animaux triés par couleurs : « les rouges »Animaux triés par type d’animal: « les cochons »
Evidemment, en plus de cette activité, le tri va permettre de commencer à organiser la compréhension complexe de l’enfant. Ces petites figurines permettent également de travailler l’expressif et la description. Les miens sont de la récup, ils sont un peu vieillots aujourd’hui mais si vous voulez investir, il y a ceux vendus sur tout pour le jeu, trop mignons, avec les animaux sauvages ici.
En créant des activités sur mesure avec des petits jouets
Voici une idée de torture : cette petite activité paraît toute simple mais on va voir rapidement qu’elle est loin d’être aisée.
Items « épurés » / faciles : 2 couleurs, 2 types d’objets. – « Donne-moi tous les rouges = « donne-moi toutes les grenouilles ». – « Donne-moi tous les verts = « donne-moi tous les duplos ».
–> Facile, pas de confusion possible, tout est « bien rangeable » sans superpositions.
Items mixés : 2 couleurs, 2 types d’objets. – « Donne-moi tous les rouges » Pas de problème, il n’y a qu’une sorte de rouge, l’enfant donnera les deux grenouilles rouges. – « Donne-moi tous les verts » Alors là, AIE !! il y a de grandes chances que l’enfant vous donne les duplos verts et laisse de côté la grenouille verte ! Or, la consigne « tous les verts » implique « tout ce qui est vert quelque soit sa forme ». – « Donne-moi toutes les grenouilles » –> idem, il faut que l’enfant donne les rouges et la verte. – « Donne-moi tous les duplos » –> idem, il ne faut pas qu’il donne la grenouille, même si elle est verte, comme les autres duplos, car ce n’est pas un duplos.
Items mixés : 2 couleurs, 2 types d’objets. Exemple où tout va être mixé dans tous les sens : – « Donne-moi tous les rouges » – « Donne-moi tous les verts » – « Donne-moi toutes les grenouilles » – « Donne-moi tous les duplos »
Items mixés : 3 couleurs, 3 types d’objets. Ici, on rajoute un type d’objet (la voiture) : – « Donne-moi tous les rouges » – « Donne-moi tous les verts » – « Donne-moi toutes les grenouilles » – « Donne-moi tous les duplos » – « Donne-moi toutes les voitures »
Items mixés : 2 couleurs, 2 types d’objets. – « Donne-moi tous les bleus » – « Donne-moi tous les verts » – « Donne-moi toutes les grenouilles »
Items mixés : 3 types d’objets, 4 couleurs – « Donne-moi toutes les voitures » – « Donne-moi toutes les grenouilles » – « Donne-moi tous les jaunes » – « Donne-moi tous les duplos » – « Donne-moi tous les bleus » – « Donne-moi tous les rouges » – « Donne-moi tous les verts »
Items mixés : 2 types d’objets, 3 couleurs – « Donne-moi toutes les grenouilles » – « Donne-moi tous les verts » – « Donne-moi tous les jaunes » – « Donne-moi tous les bleus »
Afin de faire varier la consigne de sélectionner les items, les exercices ci-dessus peuvent être modifiés, par exemple, on peut demander « combien tu vois de jaunes? », « combien il y a de duplos? », … etc …
Là, il s’agit de flexibilité avec support visuel, assez simple après l’étape du « double-tri », mais nous pouvons (et devons) travailler sur les autres sens, avec une entrée auditive par exemple.
La flexibilité mentale, la capacité attentionnelle, l’inhibition et la mémoire de travail sont essentielles à entrainer dès le plus jeune âge, avec des supports très simples.
Voici un des derniers nés de chez Smartgames : le festin des chenilles !
Design sympa, éléments faciles à manipuler, défis que l’on peut faire seul, comme d’habitude dans ces collections de jeu de chez Smartgames.
J’étais consciente de la nécessité d’adapter les défis pour certains des enfants dont je m’occupe mais …. dès le premier essai avec un jeune, je me suis aperçue que la difficulté était AUSSI dans la manipulation des chenilles en tant que telle. Déjà, les « tordre » dans le sens de la pliure (elles ont deux articulations chacune) mais également les plier au bon endroit.
Du coup, obligée de faire des mini-cartes avec tout simplement des chenilles à plier comme sur la photo, avec une difficulté crescendo.
Reproduire la configuration de la chenille comme sur les petites cartes.
Une fois à l’aise, on peut commencer les « vrais défis » (moi je fais toujours une pochette en tissu pour ces livrets pour les protéger avec une visière transparente pour ne pas tenter les petits tricheurs qui voudraient tourner prématurément la page …). J’y inclus en général un papier dont un emplacement est découpé pour que l’enfant puisse se centrer plus facilement sur le défis en cours.
Si ces défis sont trop compliqués, on peut, comme pour tous les Smartgames de ce type, commencer en faisant réaliser les solutions en fin de livret plutôt que les défis eux-mêmes.
Je n’ai pas trop de recul avec ce jeu mais je pense qu’il va plaire. Il est déjà intéressant dans cette optique de mettre en forme la chenille. Les pommes sont également à bidouiller car chaque « tranche de pomme » pivote sur un axe pour se retourner (pour créer plus de configurations de trous). Cela travaille le prono-supinatoire, c’est toujours bon à prendre! Ensuite, il y a le fait de devoir placer au bon endroit les chenilles et enfin de déduire leurs imbrications dans les niveaux experts.
De Smartgames, encore et toujours. il s’achète dans tous les magasins de jeux, même non spécialisés.
Le principe est simple : placer des cochons sur le plateau comme indiqué sur le livret puis agencer les maisons.
Il y a 2 possibilités de jeu selon le sens dans lequel on prend le livret de défis. Soit on place les maisons de façon à ce que les cochons restent dehors, soit on les place de façon à ce qu’ils soient cachés dans les maisons (quand le loup est aussi sur le plateau).
J’aime beaucoup ce jeu qui est accessible aux petits niveaux.
Comme d’habitude avec ces Smartgames, on peut commencer une familiarisation en faisant reproduire à l’enfant les solutions qui figurent dans le livret. Le jeune doit donc placer les cochons et les maisons en suivant le modèle achevé.
Pour mes enfants qui débutent ou qui sont vraiment petits, je place les cochons et toutes les maisons sauf une. Ils doivent placer uniquement la dernière. Puis, sauf deux maisons et ainsi de suite en chaînage arrière. Ca devient un jeu d’encastrement accessible qui travaille du coup la pronosupination.
Ce support plaît en général ….
J’aime beaucoup le fait que la consigne change selon le sens du livret: le travail de la flexibilité est toujours bon à prendre!
Le petit défaut de ce jeu est sans doute que les cochons tombent facilement de leurs logements si l’enfant est un peu maladroit … il semble que les nouvelles versions du plateau bénéficient de picots qui s’enfoncent dans le fond du cochon () ce qui les stabilisent.