On me demande souvent « par quoi tu commences avec les enfants qui ont un handicap important ou qui sont très jeunes ? »
Tout dépend de l’enfant évidement et des impératifs fonctionnels mais un des premiers enseignements en dehors des troubles du comportement, est en général la compétence de « même » et d’apparier visuellement.
Mais plus concrètement, avec des petits, comment mettre cela en place?
Il va s’agir de faire de l’appariement, aussi appelé du matching.
Au départ, on commence par mettre en concurrence sur la table des items qui sont très différents les uns des autres (couleurs, formes, matières, …) puis on présente des objets moins différents entre eux.
Vous aurez besoin de faire des photos de ces objets, de les plastifier et de les imprimer.
Donner/associer le même : objet – objet :
Pour cela, il suffit d’avoir 2 objets identiques. C‘est très facile d’en trouver dans n’importe quel environnement : deux emballages vides de pom’pote, deux coton-tige, deux cuillères, deux paquets de mouchoirs, deux legos identiques, … Attention : les deux objets doivent être exactement identiques. Une variante pourra introduire des semblables non-identiques mais dans un deuxième temps (par exemple avec des emballages de compote de différentes marques, des cotons tiges d’autres couleurs, etc, … .
En général, pour les exercices qui vont suivre, on utilise entre 3 et 5 items que l’on place sur le bureau, jamais moins de 3.
Deux types d’appariement : un où il vous donne l’objet et un où il associe l’objet. Il faut travailler les deux de toutes façons :
—– Première version : on montre la cible à l’enfant en la tenant en main, on attend que l’enfant regarde bien la cible et on demande : «donne-moi le même ». Si l’enfant ne sait pas du tout, on va guider physiquement en guidance totale (voir ici l’article sur les guidances) pour qu’il nous le donne et estomper. (un peu comme sur le dessin d’entête de l’article)
—– Deuxième possibilité, comme sur la photo ci-dessous : 4 boîtes transparentes strictement identiques et 4 objets en double. On donne les objets un par un et l’enfant ca mettre dans cet item dans la boite avec le même. Si il ne fait rien, on le guide physiquement en guidance totale (on prend sa main dans la nôtre et on lui fait mettre dans la bonne boîte). On essaie de PARLER LE MOINS POSSIBLE : on ne donne pas le nom des objets (ca n’a aucune importance ici et ca risque de le distraire/gêner)
Puis, on va travailler de la même manière en variant les cibles :
Donner/associer le même : image – image :
Pour cela, vous pouvez utilisez n’importe quel memory. Vous placez 3 images sur le bureau et vous en tenez une en main que vous montrez à l’enfant . Quand il a regardé la cible, vous posez la consigne : « donne-moi le même » et vous guidez en guidance physique totale si il ne fait pas.
Vous pouvez faire dans dans l’autre sens également : poser sur la table une série de chaque image et l’enfant devra venir poser les images sur les mêmes qui sont sur la table (comme sur l’image ci-dessous).
Donner/associer le même : objet – image puis image – objet:
Les exercices se complexifient un peu : on va avoir besoin d’objets et de photos de ces mêmes objets.
L’enfant doit associer la photo que l’on montre à l’objet qui se trouve sur la table puis on fait l’inverse : il doit associer l’objet à l’image. Il faut bien exercer dans les deux sens car un enfant peut y parvenir dans un sens et non dans l’autre.
En cliquant sur la photo ci dessous, vous obtiendrez un PDF avec des images « semblables ET identiques » à trier :
Dans l’article « classeur d’autonomie », vous trouverez plein d’exercices avec des identiques à associer.
Donner/associer le même : semblable non identique :
Lorsqu’on travaille avec un enfant, on lui fait apparier des objets, puis des images, puis des objets avec des images comme expliqué ci-dessus.
Puis, il va falloir travailler le fait que l’enfant puisse trier des objets qui vont être « pareils mais un peu différents ». Un article sera consacré à cette tâche, néanmoins, pour obtenir des images ou des idées de jeux, vous pouvez taper « semblables non identiques » dans le moteur de recherche du site.
Bonjour,
J’ai découvert votre site au cours de mes recherches et je le trouve vraiment très intéressant et riche. Chacun de vos articles est très clair et je trouve super le fait que vous indiquiez les étapes à franchir progressivement pour que le jeune parvienne à une compétence ou un objectif donné.
J’enseigne pour la 2ème année en IME avec des jeunes déficients intellectuels, déficience moyenne à sévère, et qui ont pour certains d’autres handicaps ou troubles ; ils ont de 6 à 16 ans. J’ai de l’expérience comme enseignante en milieu ordinaire mais ne suis pas spécialisée. Et une des difficultés que je rencontre est de définir des priorités dans les apprentissages à mettre en place avec ces jeunes, tout particulièrement avec ceux qui ont un niveau scolaire de cycle 1, et qui sont peu ou pas verbaux pour la plupart. Il n’y a certes pas de réponse unique, chaque jeune étant différent et particulier… mais je me permets quand même de vous soumettre mon interrogation car, avec votre expérience et votre recul, votre regard pourrait m’aider à y voir plus clair !
Encore un grand merci pour votre site et vos partages.
Sandrine